Sylvie Chaput

SYLVIE CHAPUT

Tout a commencé avec une belle rencontre. Avant d’être pour notre plus grand plaisir notre voisine d’atelier, Sylvie Chaput nous a initié aux plissés permanents et à la sublimation avec les colorants dispersables, mais elle nous a surtout transmis son amour du textile.

C’est avec passion et émotion que cette amoureuse de la matière et des costumes nous reçoit dans son atelier pour nous faire découvrir son étonnant parcours.

Retour sur trente ans d’ennoblissement textile au service du cinéma et des arts de la scène.

CT_ Talent Montréal

Découverte en 10 questions.

1/ Comment définiriez-vous votre métier ?

J’exerce un métier bien particulier dont l’essentiel est d’habiter un costume ou un métrage de tissu d’une « âme » pour le cinéma et les arts de la scène, laisser une trace éphémère d’un vécu…

Mon expression artistique est très proche de celle du peintre ou du sculpteur. Seul le canevas diffère.

 

2/ Comment est née votre histoire avec le textile ?

Une grand mère qui conçoit un patron de robe et coupe dans un vieux rideau, une mère qui aime les beaux tissus et les bijoux, une tante qui crée des robes en smoking et des broderies… une passion de famille!

Plus tard des rencontres déterminantes faites au théâtre avec des concepteurs de costumes, des coupeurs, des couturières, des perruquières et beaucoup d’autres.

 

3/  Quel est votre parcours ? Votre formation ?

J’ai démarré ma carrière en design d’intérieur puis par un BAC en arts visuels à l’UQAM.

Après un arrêt de travail de deux ans suite à la naissance de ma fille, j’ai eu envie d’une autre forme d’expression. Il y a eu une opportunité et une rencontre déterminante avec monsieur François Barbeau, créateur de costumes. Pendant dix ans ce fut mon école de théâtre où j’ai fait l’ennoblissement et le vieillissement de tissus et costumes.

J’ai appris à l’envers, à l’instinct, mais aussi au contact de nombreux autres créateurs de costumes et d’équipes d’atelier.

Par la suite il y a eu un stage de perfectionnement à la Comédie Française, à Paris. Découvrir tous ces métiers et ce savoir-faire fut définitivement une « révélation »!

Au retour, d’autres rencontres déterminantes, madame Monique Beauregard et monsieur Robert Lamarre (1950-2002), designers textiles et fondateurs du Centre de Design et Impression Textile avec qui j’ai appris les colorants industriels.

Plus tard j’y installerai mon atelier. Maintenant j’y enseigne. C’est là aussi que je suis en contact avec des designers textiles (États Unis, France, Londres) pour des cours de perfectionnement. Je suis aussi consultante en ennoblissement et vieillissement, à l’École Nationale de Théâtre (ENT) et au CEGEP de Ste Hyacinthe au département théâtre.

L’enseignement m’anime, me questionne. C’est un privilège la passation d’un savoir-faire. Les échanges avec les nouvelles générations sont très riches et stimulantes.

À ce jour il y a la rencontre avec le designer Belge Daniel Henry qui est un artiste textile génial. Je me souhaite d’autres rencontres aussi riches et stimulantes, encore et encore!

 

4/ En général, comment commence votre cheminement créatif ? Qu’est ce qui vous inspire ?

Mon métier est une recherche et un apprentissage permanent.

Il faut une grande écoute lors de la présentation du concept fait par les concepteurs. Puis une réflexion de ma part pour comprendre l’essence d’un texte, d’un scénario afin de traduire la charge émotionnelle pour le ressenti (ennoblissement et vieillissement).

Par la suite au niveau technique, je regarde mes tests de recherches pour trouver la technique qui conviendrait au propos et poursuivre cette recherche personnalisée.

Pour compléter ma recherche, regarder un jardin, une architecture ou observer les gens dans la rue sont de grandes sources de stimulation.

Créer une symbiose avec l’équipe de création est pour moi un incontournable.

 

5/  Pour vous, le tissu c’est quoi ?

Le tissu c’est un fil d’Ariane, une matière vivante qui a une âme. C’est mon outil de travail.

C’est le support qui est maître, qui dit si j’ai raison ou pas. J’aime établir un échange entre l’histoire et le tissu.

C’est comme peindre des tableaux nouveaux à chaque fois. Le tissu est un prétexte.

 

6/ Pour vous, quel est l’avenir du textile ?

C’est une belle période, je sens un renouveau. Il y a quelque chose qui bout, beaucoup de petits ateliers naissent et de nouvelles petites bulles qui vont commencer à fleurir.

 

7/ Si vous deviez choisir une matière …

J’aime le polyester qui permet des effets 3D, c’est une recherche plus près de l’art visuel pour moi.

Cependant ma matière de cœur c’est le velours. Il se traite aussi bien avec les techniques anciennes que contemporaines.

Le lin est fabuleux pour le vieillissement puisqu’il a déjà une mémoire.

Bien sûr le cuir, matière vivante qui a déjà une histoire, une âme. Le vieillissement avec le cuir c’est très… charnel!

 

8/ Si vous deviez choisir une couleur …

Les rouges, les turquoises, les noirs et les couleurs passées.

 

9/ Êtes vous plutôt tissu uni ou imprimé …

Ce que j’aime par dessus tout c’est la matière, les textures.

 

Sylvie Chaput en images : quand le textile raconte une histoire.

Photos Lucie Leroux.

 

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