Daniel Henry

Daniel_Henry

*English will follow.

C’est dans le cadre du Fab/Lab 2013 que nous avons eu le plaisir de rencontrer Daniel Henry. Amoureux de la fibre, ce jeune sérigraphe et ennoblisseur textile Belge crée des tissus d’exception. Navigant entre la haute couture, la dentelle et les revêtements muraux de luxe, ce touche à tout du textile explore ces différents supports avec une créativité et une audace sans borne. Le travail de Daniel Henry se distingue par une approche exploratoire de l’ennoblissement textile, cherchant constamment à repousser les limites du tissu.
Textiles articulés, textures, brillances, effets de matière, il redéfinit à sa manière notre conception du textile par sa recherche en constante évolution, toujours surprenante.
Découvrez le passionnant parcours d’un créateur terriblement inspirant.

It was during the Fab/Lab 2013 that we had the pleasure to meet up with Daniel Henry. A lover of fibers, this young belgian textile designer creates exceptional fabrics. Navigating from the world of haute couture to luxurious wall coverings this incredibly talented textile artist explores different avenues and materials with creativity and flair. Daniel Henry’s work is distinguishable by his exploratory approach to surface design, constantly pushing back the limits of fabrics.

Articulated textiles, textures, glossy finishings and special transformation effects, he redefines our conception of textiles by his ever evolving and surprising research.
Discover the fascinating journey of an incredibly inspiring designer.

 

CT_ Talent Montréal

 

Découverte en 10 questions.

1/ Comment définiriez-vous votre métier ?
Mon métier est avant tout ma passion, un amusement au quotidien qui m’a permis de voyager et de faire de belles rencontres. J’y mets toute ma vie, mon énergie en y consacrant une centaine d’heures par semaine depuis une quinzaine d’année.

2/ Comment est née votre histoire avec le textile ?
Lorsque j’étais étudiant en mode à la Cambre, c’est par hasard, dans le cadre d’un cours de tricot que j’ai été « frappé par l’esprit du textile ». Au départ, pas du tout attiré par l’impression, ma seconde révélation naît de la rencontre avec une enseignante : Françoise Derleyn. Le coup de foudre a été immédiat pour son approche ultra contemporaine de l’impression textile.

3/  Quel est votre parcours ? Votre formation ?
J’ai démarré dans la mode à la Cambre (école d’Arts et Architecture de Bruxelles, en Belgique) puis au bout d’un an et demi je me suis orienté vers le textile. Cette formation offre 3 ans d’apprentissage techniques suivis de deux années d’exploration. Chaque année une collection est développée puis présentée devant un jury. En fin de quatrième année, j’ai été débauché par un membre de mon jury pour travailler sur un projet de recherche sur le lin, mené de front pendant ma dernière année d’études.
C’est grâce à une bourse de la Fondation Belge de la Vocation que j’ai pu ouvrir mon atelier six mois plus tard. La suite de mon parcours est née de rencontres.
Je travaille actuellement pour une entreprise de papiers peints, Flocart comme directeur de création, comme conseiller artistique de la maison de tulles et dentelles Sophie Hallette tout en collaborant avec des maisons de couture comme Chanel, Balenciaga et Marc Jacobs. Le reste de mon temps est consacré à mes recherches personnelles.

4/ En général, comment commence votre cheminement créatif ? Qu’est ce qui vous inspire ?
Tout m’inspire! J’achète beaucoup de textiles anciens, seconde main. J’y trouve des qualités qui ont disparu. J’ai envie de recréer ces touchers qui n’existent plus sur le marché. Par exemple mes textiles articulés sont nés par hasard. J’ai trouvé un collier africain des années 20 dans une galerie. Les perles de verre s’articulaient d’une manière particulière et c’est en le portant, en le manipulant que l’idée de créer ce tissu est née.
J’aime les choses qui ont des histoires. J’ai besoin que les objets aient une vie, une patine. J’adore les cimetières, la marque du temps, la rouille, l’usure. J’ai également toujours besoin d’aller là où on ne m’attend pas pour découvrir de nouvelles facettes de moi-même et les emmener dans mon travail.
Douze ans de patinage artistique ont été pour moi la meilleure école de la rigueur, de la discipline et de l’acharnement.

5/  Pour vous, le tissu c’est quoi ?
Le textile est avant tout un matériau souple. Je travaille n’importe quel support à partir du moment où il est souple au sens large, comme le latex, la fourrure, le plastique, le feutre. Mes tissus de prédilections sont des matériaux naturels : le lin, le coton, la soie et la laine.

6/ Pour vous, quel est l’avenir du textile ?
Le textile a toujours été là et le sera toujours. Il est présent partout, y compris en art contemporain où on le voit plus que jamais.

7/ Quels sont les artistes qui vous inspirent ?
En textile : Reiko Sudo.
En mode : Hussein Shalayan, Maison Martin Margiela, Alexander McQueen.
Klaus Nomi et Leigh Bowery sont mes idoles et je suis fan de Joanna Newsom!

8/ Si vous deviez choisir une matière …
J’adore travailler avec les basiques : le voile de coton, de lin, le pongée de soie et l’étamine de laine; les classiques de la garde robe à revisiter. Ce sont des matières neutres, raffinées, comme des toiles vierges d’un peintre.

9/ Si vous deviez choisir une couleur …
Mon travail textile n’est pas envisagé en fonction de ce que je porte (surtout du noir).
Cette saison a été marquée par le bleu électrique et le jaune fluo. Mais j’aime les couleurs neutres : le blanc, le beige, le gris, le noir.

10/ Êtes vous plutôt tissu uni ou imprimé …
Plutôt imprimé, mais plutôt un imprimé texturé que du motif.. Pour moi il y a l’école Marimekko et l’école Derleyn. Je travaille presque exclusivement sur la texture avec des produits transparents, mais je me suis auto-formé à la sérigraphie classique il y a 4 ans pour créer des imprimés 6, 8 voire 12 couleurs.

DANIEL HENRY EN IMAGES: le textile dans tous ses états
Photos: Daniel Henry, Charly Desoubry, Lucie Leroux.

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ENGLISH VERSION.

Discovery in 10 questions.

1/ How would you define your work?
Above all, my work is my passion. It is a daily pleasure that allowed me to travel and make wonderful acquaintances. I put all my energy in my work devoting over one hundred hours weekly to it for the past fifteen years.

2/ How did you first become interested in textiles?
I was  »hit by the textile spirit » by chance during a knitting class when I was studying fashion at La Cambre (Art and Architecture School in Brussels, Belgium). At first not drawn at all to printing, my second revelation came when I met a teacher: Françoise Derleyn. I immediately fell head over heals for her ultra contemporary approach to textile printing.

3/ What did you study?
I started in fashion at La Cambre and after a year and a half I redirected towards textiles. This particular programm offers 3 years of technical apprenticeship followed by 2 years of exploration. Every year, a new collection is developed  and presented to a jury. At the end of my fourth year I was hired by a member of the jury to work on a research projet on linen.  I spent my fourth year leading this project and finishing my studies simultaneously. It was thanks to a grant by the Fondation Belge de la Vocation that I opened my studio six months later. I currently work for the  wallpaper company Flocart  as the creative director, and also as an artistic advisor for the house of tulles and lace Sophie Hallette . All that, while collaborating with fashion houses like Chanel, Balenciaga and Marc Jacobs. The rest of my time is dedicated to my personal researches.

4/ What inspires you and how do you get started?
Everything inspires me! I buy lots of vintage fabrics and I find in them qualities that we rarely see nowadays.  I want to recreate textures that you can’t find anymore on the market. For example, my articulated textiles were created by chance. I found an african necklace from the 1920’s in a gallery that had glass pearls that moved in a particular way and it was by wearing and handling it that the idea of making this fabric came to me. I love objets that have a story to tell, I need them to have a life of their own, a certain aura. I love cemeteries, rust and erosion, the mark left by time. I also always need to be where I am least expected. I need to discover new dimensions of my personality that I can integrate in my work. Twelve years of figure skating were for me the best way to learn rigour, discipline and determination.

5/ What is fabric to you? Do you have favorite fabrics and if so, which ones and why?
Textile for me is a supple material. I work with any material as long as it has a certain flexibility; latex, fur, leather, plastic and felt. I have a special love of natural fibres like linen, coton, silk and wool.

6/ What do you think the future holds for the world of textiles?
Textiles have always been and will always be there. They are present everywhere, including contemporary art where we see it more than ever now.

7/ Who is your favorite designer?
For textiles : Reiko Sudo.
Fashion : Hussein Shalayan, the fashion house Martin Margiela, Alexander McQueen.
Klaus Nomi and Leigh Bowery are my idols and I’m also a huge fan of Joanna Newsom!

8/ If you could choose one material…
I love working with basics : cotton veil, linen, silk pongee and wool muslin ; all wardrobe classics to be revisited. They are neutral fabrics, noble and refined, and I see them as an artist’s untouched canvass.

9/ If you could choose one colour…
My work in textiles isn’t envisioned by what I wear (mostly black). This season has been marked by electric blue and fluorescent yellow but I prefer neutral colours : white, beige, grey and black.

10/ Solid colour or patterns?
I would say patterns, but textured patterns and not motifs. For me there are two schools of patterned fabrics : the Marimekko and the Derleyn schools. I work almost exclusively  with textured and transparent fabrics but 4 years ago I self-taught myself screen-printing to create 6-8 even 12 colour-way prints!