Le t-shirt

CAHIER DU TEXTILE

Le T-shirt: symbole, style et société

In-con-tournable ! Le t-shirt est certainement la pièce textile présente dans toutes les garde-robes du monde. Hommes, femmes ou enfant, ce vêtement est porté depuis près de 70 ans par toutes les classes sociales.

De ses origines fonctionnelles à son status de pièce de style iconique, le t-shirt est un ‘basique essentiel’. Symbole de rebellion ou porteur de message, le t-shirt est un marqueur. Son empreinte sur nos sociétés modernes est indéniable. Mais quelle est vraiment son histoire ? Rétrospective textile.

Les origines du t-shirt

Les racines du t-shirt (ou tee-shirt) sont à trouver dans le sous-vêtement masculin. Certains diront qu’il s’inspire de la sous-chemise des hommes du Moyen-Âge. D’autres que ses origines sont à trouver au XIXe siècle, chez les soldats qui portaient des chemises à manches longues sous leurs uniformes pour absorber la transpiration.
Mais c’est au début du XXe siècle que le t-shirt commence à évoluer vers une forme plus proche de celle que nous connaissons aujourd’hui.

La première apparition documentée du t-shirt sous sa forme actuelle remonte à 1913, lorsque la marine américaine adopte un sous-vêtement en coton à col rond et à manches courtes. Conçu pour être porté sous les uniformes, ce vêtement est adopté pour son confort, sa respirabillité et sa facilité d’entretien. Le terme « T-shirt » tire son nom de la forme en « T » de ce vêtement une fois étendu à plat.

L’image d’une société en mutation

Dans les années 1920 et 1930, le t-shirt commence à apparaître dans des publicités comme vêtement abordable pour les ouvriers mais il reste perçu comme un sous-vêtement. C’est après la Seconde Guerre Mondiale que les soldats, de retour chez eux, popularisent leurs t-shirts militaires en le portantdans la vie quotidienne.

La perception du t-shirt change radicalement dans les années 1950 grâce à Hollywood. Des icônes comme James Dean dans La Fureur de vivre en font un symbole de jeunesse, de rébellion et de masculinité. Le t-shirt devient alors une déclaration de style et d’attitude.

Photo Tom Hubbard – 1973

Le t-shirt comme symbole d’émancipation

Si le t-shirt a d’abord été conçu et popularisé pour les hommes, il a rapidement trouvé sa place dans la mode féminine. Dans les années 1920, des femmes commencent à adopter ce vêtement dans un contexte pratique, souvent pour des activités physiques ou des travaux en usine.

Dans les années 1960 et 1970, le t-shirt devient un symbole d’émancipation pour les femmes, leur permettant ainsi de s’éloigner des carcans vestimentaires contraignants. Mais les femmes ne sont pas les seuls à l’adopter. À cette même époque, les mouvements sociaux se multiplient.
Mouvements pour les droits civiques, féministes ou anti-guerre, le t-shirt s’affirme et devient un médium d’expression personnelle et collective.
C’est le support idéal de toutes les protestations. Il s’associe aux mouvements musicaux underground comme le Punk ou le Rap et devient un signe d’appartenance. Le t-shirt revendique, il s’orne de slogans ou s’habille de designs artistiques.

La démocratisation mondiale

Le t-shirt devient un phénomène mondial grâce à l’essor de l’impression textile et à l’influence de la culture pop. Colorés, imprimés, avec des messages graphiques, le t-shirt n’est désormais plus un sous-vêtement ou un uniforme de travail. C’est un outil puissant pour exprimer des identités multiples, communiquer ou s’affirmer.

Dans les années 1980, l’avénement de marques comme Calvin Klein et Ralph Lauren propulse le t-shirt et le rêve américain dans le domaine de la mode haut de gamme. Les stars s’en emparent et le t-shirt, quelque soit son style devient universel.

Confortable, pratique et versatile, ce vêtement devient collector, pièce unique ou design de luxe. Son prix gonfle, sa qualité varie et il s’impose comme un incontournable de toutes less garde-robes.

Le t-shirt et la fast-fashion

Dans les années 2000, le t-shirt devient encore plus omniprésent. Les grandes enseignes comme H&M ou Zara produisent à elles seules, des millions de t-shirts chaque année. Les tendances changent à un rythme effréné et la surproduction réduit le t-shirt à un bien de consommation jetable.

La production massive de t-shirts, souvent dans des pays en voie de développement, participe à l’exploitation de nombreuses populations. L’utilisation de matières comme le coton, exerce une pression considérable sur les ressources naturelles, notamment l’eau. Et les colorants chimiques utilisés posent des problèmes environnementaux majeurs.
Le vêtement utilitaire autrefois conçu comme durable et fiable est aujourd’hui l’une des pièces vestimentaires avec la plus courte durée de vie. Mais son marché ne faiblit pas. D’après Business Research Insights, le marché mondial du t-shirt a généré 29 milliards de dollars US en 2024, et il devrait connaitre une croissance d’environ 3% dans les prochaines années.

Caractéristiques

Le t-shirt est depuis son origine fabriqué en coton tricoté que l’on appelle jersey*. Par opposition aux tissus tissés, les boucles formées par le tricotage permettent d’obtenir un textile extensible, doux et confortable.

La fabrication d’un t-shirt, pour les modèles basiques, se compose de 5 pièces de tissu. Assemblé en usine, sa réalisation prend au maximum 30 minutes comprenant la coupe, l’impression, la couture et le contrôle qualité.

Pour plus de qualité, il est recommandé de choisir des tissus de minimum 160 GSM (g/m2). Plus le GSM est élevé, plus le tissu sera épais et surtout durable.

Le coût de revient varie considérablement selon les conditions de fabrication. Le coût de la main d’oeuvre peut, par exemple, être jusqu’à 30 fois plus élevé pour un t-shirt fabriqué en Europe par rapport à un produit similaire fabriqué en Asie. Évidemment ce coût se fait au détriment des humains qui, dans les pays en voie de développement, travaillent bien trop souvent dans des conditions terribles.

* Certaines versions plus anciennes étaient aussi faites en laine.

De sous-vêtement fonctionnel à icône de la mode, le t-shirt a traversé les époques en s’imposant comme une pièce centrale, symbole de la démocratisation vestimentaire.
Adoptant toujours de nouveaux détails ou de nouvelles coupes, il reflète à la fois des aspirations individuelles mais aussi des transformations sociales, technologiques et environnementales.
Devenu parangon de la surconsommation, des marques éthiques réinventent le t-shirt; et misent désormais sur des matières biologiques, des processus de production responsables et des designs intemporels.
L’espoir: contrer les effets néfastes de la fast-fashion et faire, à nouveau, du t-shirt une pièce fiable et durable.