Montloup

Lila Rousselet, fondatrice de Montloup
Crédit photo: Morgane Clément Gagnon


1) Comment définiriez-vous votre métier?

Je ne sais pas trop comment répondre à cette question… Pour une réponse pragmatique, mon métier c’est de fabriquer et de vendre des tissus de la façon la plus locale, écologique et éthique possible. De façon moins pragmatique, mon métier, c’est aussi d’éduquer les designers et les gens en général sur les impacts de la fabrication de vêtements, de travailler en partenariat avec des entreprises dont les savoir-faire sont incroyablement beaux, de travailler avec des gens qui me passionnent. C’est aussi de boire le café avec ces mêmes personnes, d’avoir des discussions animées sur notre métier, de toujours apprendre.

 

2) Comment est née votre histoire avec le textile?

Ma mère et ma grand-mère paternelle confectionnaient des costumes et des vêtements pour mon frère et moi lorsque nous étions enfant. Je me souviens qu’elles nous emmenaient dans les magasins de tissus pour choisir les couleurs de notre prochaine robe de chambre ou costume de princesse (j’avais une passion pour les princesses de cirque à l’époque). J’ai aussi eu la chance de beaucoup voyager avec mes parents en étant plus petite, ça à probablement aussi éduqué mon oeil et mon touché aux différents tissus.

3) Quel est-votre parcours, votre formation?

J’ai un diplôme de designer textile (BTS) obtenu en France en 2012 et un DEC en construction textile obtenu au Cégep du Vieux Montréal.

À la fin de mon diplôme en 2016, j’ai été embauché comme responsable de production dans une entreprise de tricot montréalaise. J’ai aussi eu un poste de professeur de tricot au Centre des Textiles Contemporains de Montréal.

Montloup est né en septembre 2019.

4) En général, comment commence votre cheminement créatif? Qu’est-ce qui vous inspire?

Ça peut être n’importe quoi ! Je suis une grande fan des carnets… J’en ai une bonne vingtaine et toujours deux ou trois d’entamés. Je récupère des végétaux que j’aime, des petits morceaux de tissus trouvés ici et là, des couleurs que j’aime. J’écris aussi. Je me promène toujours avec un petit appareil photo qui fait des photos instantanées. Ça me permet de prendre des images pour les conserver lorsque je vais créer les collections des prochaines préventes collaboratives ou pour créer du contenu créatif pour les réseaux sociaux.

Pour le côté moins poétique, je suis beaucoup de comptes Instagram de designers ou influenceuses qui m’inspirent, je m’abonne à des magazines de tendance comme Viewpoints colours, je m’inscris aux conférences de Li Edelkoort, je suis l’actualité de Fashion Revolution, j’écoute des podcasts comme Conscious Chatter.

5) Pour vous le textile c’est quoi?

C’est un matériau qui nous accompagne partout dans la vie et tout au long de la vie. C’est celui que l’on porte le plus près de soi, qui nous permet d’exprimer une part de notre personnalité au travers des vêtements que l’on porte. J’affectionne particulièrement mes vêtements. Ils ont pour moi une valeur affective et sont porteurs des traces de mon vécu. Ils ont chacun leur histoire.

C’est aussi un matériau qui nous réconforte parfois; les pièces de la maison qui sont associées au réconfort et au repos comme la chambre et le salon sont des pièces dans lesquelles on retrouve beaucoup de textile.

6) Selon vous, quel est l’avenir du textile?

Je ne crois pas que l’on va arrêter de s’habiller ou d’habiter dans des maisons alors je dirais que le textile a encore de beaux jours devant lui!

Je ne crois pas non plus que l’on va arrêter de produire des nouveaux tissus. Cependant, je pense qu’il est urgent de réduire drastiquement la production pour que la vie sur notre planète soit encore possible d’ici une centaine d’années. Il faut produire moins mais mieux, dans des matériaux plus durables et circulaire.

Sur le court terme, je crois qu’il est urgent de développer des technologies pour permettre de réutiliser les tissus qui existent déjà tout en encourageant des façons de produire plus circulaire en s’éloignant de notre dépendance aux hydrocarbures par exemple. Je précise « sur le court terme » car le recyclage ou le compostage ne doivent pas être des excuses pour continuer de produire sans se soucier de l’impact qu’a la sur-production. Ça fait une quarantaine d’années que le monde travaille sur des techniques pour recycler les tissus et la solution miracle n’existe toujours pas donc je préfère encourager la décroissance plutôt que de promouvoir le recyclage comme une merveilleuse solution d’avenir.

7) Si vous deviez choisir une matière?

À mon grand regret (parce que je n’en produis pas), je choisirai la toile de lin et le velours de coton ou de laine.

8) Si vous deviez choisir une couleur?

Rouge. Sans aucune hésitation. J’ai une passion sans limite pour cette couleur et ces teintes dérivées dans lesquelles j’inclus le orange rouge.

9) Tissu uni ou imprimé?

Les deux ! Ça dépend des projets!

10) Des personnes qui vous inspirent

Li Edelkoort, j’aime sa façon de concevoir les tendances.
Orsola de Castro, une des fondatrices de Fashion Revolution.
Sally Fox, une productrice américaine de coton biologique naturellement teints que l’on a utilisé dans notre dernière collection Territoire Nord.
Mes ami.es, ma famille. J’ai la chance d’être entourée et supportée par de super belles personnes.

 

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Crédit photo: Morgane Clément Gagnon
Crédit photo: Morgane Clément Gagnon
Crédit photo: Morgane Clément Gagnon
Crédit photo: Adriana Castillo
Crédit photo: Adriana Castillo
Crédit photo: Adriana Castillo