Julie Lambert

Photographe: Mike Patten

1) Comment définiriez-vous votre métier?
Entrecroiseuse de fil: composé de entre ‘dans l’espace intermédiaire de, parmi, au milieu de’
et de croiser ‘disposer en croix’

et chercheure : du latin circare, ‘aller autour’

J’entrecroise en tournant en rond ?
Plus spécifiquement, je construis des objets en utilisant des techniques de fabrication textiles ancestrales (le tissage et la vannerie). Je travaille à leur donner un sens ou une signification qui m’est propre.

2) Comment est née votre histoire avec le textile?
Je pense que le déclic pour le tissage s’est fait quand j’ai réalisé que je peignais sur de la toile, un tissu. Que cette surface méritait toute mon attention.

3) Quel est-votre parcours, votre formation?
DEC en Arts et communications au collège Brébeuf, 1994-1996 (Montréal)
Un BAC en Studio Arts à l’Université Concordia, 1996-2000. (Montréal) Intérêt marqué pour la peinture.
DEC en Construction textile au Centre de textile contemporain de Montréal, 2009-2013.

4) En général, comment commence votre cheminement créatif? Qu’est-ce qui vous inspire?
Mon cheminement créatif commence souvent par une lecture. Un passage dans un livre. Ça peut aussi être la visite d’une exposition, qui me donne une impulsion.
Ensuite, pour nourrir la créativité, c’est la recherche théorique, poétique ainsi que l’apprentissage technique, (en perpétuel développement) qui sont mes principaux moteurs.
Je remarque aussi que je travaille souvent sur plusieurs projets à la fois et que ce que je prenais pour de l’éparpillement est en fait une manière de ramifier des idées.

5) Pour vous le textile c’est quoi?
C’est la matière la plus commune qui soit mais qui porte en elle des fonctions sans égal.
C’est un médium, un véhicule très proche de l’humain. Nous avons appris à construire des objets ‘textiles’ avant d’inventer l’écriture. On nous enveloppe dans le tissu à la naissance et à la mort, et nous en sommes couverts toute notre vie durant.
Les multiples gestes nécessaires à la fabrication ont, je crois, contribués à faire de nous ce que nous sommes en tant qu’humains.

6) Selon vous, quel est l’avenir du textile?
L’avenir du textile me semble très sombre. Il y a un coup de barre à 90˚ à donner à l’industrie et surtout à notre façon de consommer.
D’un côté, certaines études démontrent que le polyester est la fibre la plus écologique, en grande partie pour sa durabilité et le peu de ressources en eau qu’elle utilise en comparaison avec les fibres naturelles. Par contre, j’ai lu encore récemment, un article relatant des analyses faites sur la composition des particules en suspensions dans tous les océans de la terre. Les particules les plus communes semblent provenir des fibres de polyester, de nylon et d’acrylique qui sont libérées dans les eaux de rinçage de nos machines à laver.
Et ce n’est qu’un aspect de la complexité du développement futur du textile. C’est à ce développement que l’on doit la révolution industrielle, il est malheureusement encore lié à des conditions de travail terribles. Le textile traverse toutes les sphères humaines, politiques, économiques, culturelles, environnementales… Chaque amélioration/dégradation a des répercussions sur tout cet ‘écosystème’.

7) Si vous deviez choisir une matière?
Le papier

8) Si vous deviez choisir une couleur?
Blanc

9) Tissu uni ou à motifs?
Motifs

10) Pouvez-vous nous présenter des personnes qui vous inspirent?
Louise Warren. Poète et essayiste. Sa poésie me touche particulièrement et ses essais abordent la création sous un angle très sensible.
Stéphane La Rue . Artiste visuel. Son travail de la surface et des volumes et son constant renouvellement me fascinent.
Mylène Boisvert . Artiste visuel. Impression, couleur, textures, papier, une inventivité toute en subtilité.
Ed Rossbach. Artiste américain (1914-2002). Son travail et ses livres sur la vannerie sont remarquables. Un savant et un collectionneur. Des œuvres d’une modestie extraordinaire.
J’aurais aimé le rencontrer.

Et j’ai envie de dire aussi Adriena Šimotová. Artiste visuel tchèque. Très peu d’information sur son travail sur le web. J’ai découvert son travail lors d’une exposition rétrospective à Prague il y a quelques années. Ses dessins de grand format sont extraordinaires.

Motif à dire. Série Les greffes

Papier de lin fait main (Papeterie St-Armand), papier industriel fait à partir d’abaca et teint à la main à l’encre de Chine, feuille d’acrylique

Motif à dire. Série Les greffes

Papier de lin fait main (Papeterie St-Armand), papier industriel fait à partir d’abaca et teint à la main à l’encre de Chine, feuille d’acrylique

Motif à dire. Série Les greffes

Papier de lin fait main (Papeterie St-Armand), papier industriel fait à partir d’abaca et teint à la main à l’encre de Chine, feuille d’acrylique

Motifs à dire. Série Périmètres

Chaîne : coton mercerisé. Trame : papier industriel fait à partir d’abaca, lin, encre de Chine

Motifs à dire. Série: Périmètres

Chaîne : coton mercerisé. Trame : papier industriel fait à partir d’abaca, lin, encre de Chine

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